Géométrie publique



Saint-Eloy-les-Mines
Montereau-Fault-Yonne
Villeneuve-sur-Yonne
Huiles sur bois, 2023
Montereau-Fault-Yonne
Villeneuve-sur-Yonne
Huiles sur bois, 2023



Digoin
Charleville-Mézières
Bourg-en-Bresse
Huiles sur bois, 2023
Charleville-Mézières
Bourg-en-Bresse
Huiles sur bois, 2023
Lorsqu'on lit les textes d'Emile
Aillaud décrivant le projet de construction des 3 775 logements
sociaux à Grigny, en Essonne, le désir d'une liberté neuve,
architecturale et sociale, semble animer chacun de ses mots. La
Grande Borne, labyrinthe familier des habitants seuls, cintré sur de
grandes pelouses, joue sa partition harmonieuse de mosaïques
colorées, d'objets gigantesques pour lilliputiens, de fruits mûrs
pour toujours dans des creux en béton, de replis où exister
singulièrement dans une ville pensée pour tout un chacun. Une pomme
coupée en deux, le visage grave d'un Rimbaud éternisé en haut
d'une façade. Nous sommes au début des années 70 et la proche
campagne des villes industrielles continue de s'urbaniser dans
l'urgence. Des ensembles plus ou moins grands s'accumulent au milieu
des labours, tours et barres de béton dont les interstices sont
occupés d'aires de jeux, de voitures et de fils à linge.
Dans une intention qui paraît
rapidement illusoire et presque déjà mélancolique, les façades de
la majorité de ces logements sociaux vont être décorées de formes
géométriques peintes ou composées de bardeaux dont j'ignore si les
teintes ont toujours été délavées ou si ce dernier demi-siècle
les a éteintes.
Ainsi a-t-on vu apparaître, en bordure de nombreuses villes moyennes, des combinaisons colorées jouant de différents matériaux pour singulariser des appartements récemment sortis de terre. Tour à tour camouflage dans un environnement autrefois campagnard ou geste abstrait tourné vers la modernité, ces motifs bien souvent commandés à des artistes créent progressivement sur l'ensemble du pays une grammaire périphérique à laquelle il est enfin possible de s'identifier.
Ainsi a-t-on vu apparaître, en bordure de nombreuses villes moyennes, des combinaisons colorées jouant de différents matériaux pour singulariser des appartements récemment sortis de terre. Tour à tour camouflage dans un environnement autrefois campagnard ou geste abstrait tourné vers la modernité, ces motifs bien souvent commandés à des artistes créent progressivement sur l'ensemble du pays une grammaire périphérique à laquelle il est enfin possible de s'identifier.
Les arbres de la
petite cité des Peupliers tout comme la réplique d'un Josef Albers
sur un HLM de Surville la bien nommée se substituent au nom propre
d'un hameau dans lequel on aurait ses racines. En personnalisant
l'impersonnel, à la hâte, cette géométrie publique transforme le
bâti en signes distinctifs dont on a, depuis, oublié les possibles
référents. Des signes comme de grands tableaux, posés en bordure
de tout. Une grande partie d'entre eux n'existe plus, recouverts de
peinture grise ou de plaques d'isolation, on n'a pas jugé bon de les
intégrer à la rénovation.
NM
NM
Cusset
Cléon
Imphy
Huiles sur toile, 2018
Cléon
Imphy
Huiles sur toile, 2018

Bourges
Huile sur toile, 2018
Huile sur toile, 2018

Sancoins
Huile sur toile, 2018
Huile sur toile, 2018